[SÉRIE D'ÉTÉ 8/8] Zurich - Suisse romande, le grand décrochage
- Xavier Comtesse
- 11 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Zurich, une longueur d’avance (8/8). Cet été, Xavier Comtesse et Philippe Labouchère dressent le portrait de la capitale économique du pays et en tirent des enseignements pour la Suisse romande.
Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/zurich-suisse-romande-le-grand-decrochage
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En mars 2000, Patrick Aebischer prend ses fonctions à la présidence de l’EPFL, position qu’il va occuper jusqu’à fin 2016. Sous sa direction, l’école décolle dans les benchmarks internationaux et tente même de rivaliser avec sa grande sœur zurichoise l’EPFZ.
En 2001, Daniel Borel célèbre les 20 ans de Logitech. C’est aussi l’année où 80 millions de souris sont vendues dans le monde – dix par seconde. Logitech est alors considérée comme une véritable entreprise «swisstech».
Le 2 mars 2003, par 5-0, l’équipe romande d’Alinghi remporte la 31e Coupe de l’America. Le syndicat associé à la Société nautique de Genève devient ainsi la toute première équipe du continent européen à remporter ce trophée, et ce, dès sa toute première participation.
Ces trois événements ont propulsé l’Arc lémanique sur la carte des territoires qui compte dans la compétition des nations. C’était une époque glorieuse. Tous les espoirs étaient permis.
Et pourtant, en seulement deux décennies, les rêves se sont envolés.
Zurich a pris le dessus dans quatre directions significatives: transport, école polytechnique, start-up et IA
Dans le match des deux régions majeures de la Suisse, l’Arc lémanique et la métropole zurichoise, celle qui domine largement, malgré une population plus ou moins équivalente en nombre, est maintenant Zurich. Elle a pris le dessus dans quatre directions significatives: transport, école polytechnique, start-up et intelligence artificielle (IA).
L’EPFZ se classe régulièrement parmi les meilleures universités mondiales et est souvent la mieux classée d’Europe continentale. Par exemple, elle occupe la 7e place dans le QS World University Rankings 2026, tandis que l’EPFL est 22e. Quels que soient les classements, les Zurichois sont toujours devant.
Au niveau des transports ferroviaires, l’écart est flagrant. Initié le 27 mai 1990, le RER zurichois est le premier et le plus étendu de Suisse (380 km de lignes). La gare de la ville est une référence continentale en matière d’infrastructures ferroviaires et d’expérience voyageur.
Dans le secteur de l’innovation et de l’entrepreneuriat, les Zurichois créent le plus de start-up de Suisse. Selon Startup Radar, c’est plus de 30% de toutes les jeunes pousses du pays.
Au sujet de l’écosystème de l’intelligence artificielle, secteur d’avenir et enjeu mondial, Zurich joue dans la cour des grands. L’Arc lémanique n’est pas du tout dans la même ligue malgré certains atouts à faire valoir (comme l’IDIAP martignerain).
Zurich est largement devant. Un point c’est tout. Le constat est amer.
En bref, l’Arc lémanique est passé à côté de son histoire en ce début de XXI siècle
Que s’est-il passé ?
Beaucoup de choses, dont nous extrayons les plus sensibles.
L’Arc lémanique a notamment perdu des leaders charismatiques, raté ses investissements en mobilité, particulièrement avec les CFF, manqué de visions du futur en passant à côté de l’IA, perdu beaucoup d’énergie en faisant de la microgestion locale et cloisonnée d’un canton à l’autre. Il a aussi envoyé à Berne des députés faibles, créé trop de structures inutiles (il y a plus de gens qui accompagnent les start-up que de CEO pour les diriger), favorisé des investissements sans levier de croissance, refusé de regrouper ses forces intercantonales pour maintenir de l’hyper-local (exemple: université, HES, hôpitaux…). Il s’est encore trompé d’échelle pour réaliser des grands projets, et bien d’autres écueils encore. En bref, l’Arc lémanique est passé à côté de son histoire en ce début de XXIe siècle.
Que faire ?
Il faut absolument redonner une vision forte, cohérente et futuriste à la métropole lémanique en faisant des choix, en retrouvant une force dans l’action pragmatique et en imposant des réalisations prestigieuses. Etre un moteur et inspirer les générations. Il en va du bien-être de tous.
Rendez-vous à la rentrée pour poser les bases d’un tel objectif.
Par Xavier Comtesse et Philippe Labouchère