[SÉRIE D'ÉTÉ 6/8] Les solutions de Zurich face à l’hypertourisme et à la pénurie de logement
- Xavier Comtesse

- 5 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 août
Zurich, une longueur d’avance (6/8). Cet été, Xavier Comtesse et Philippe Labouchère dressent le portrait de la capitale économique du pays et en tirent des enseignements pour la Suisse romande.
Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/les-solutions-de-zurich-face-a-lhypertourisme-et-a-la-penurie-de-logement?updatedprefs=true
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Menacées par l’hypertourisme et la pénurie de logements, toutes les grandes villes européennes luttent contre ces deux fléaux qui peuvent tuer l’esprit du lieu. Venise, Barcelone, Rome – pour ne citer que ces trois – étouffent. Que faire?
Regardons attentivement comment Zurich a essayé de faire front, malgré son 4e rang d’un classement européen des villes dans lesquelles il est le plus difficile de se loger. En comparaison, Genève fait encore moins bien car la ville du bout du lac occupe la pire place.
Précisons tout d’abord que la crise du logement découle d’une économie prospère. Cette situation a été détendue par la construction de logements communautaires et un contrôle strict des logements AirBnB par les autorités zurichoises. Deux mesures inexistantes du côté romand.
Les habitations coopératives
Zurich est devenue la Mecque des coopératives d’habitation en Europe: environ 20% du parc immobilier (soit plus de 40.000 logements) appartient aujourd’hui à des coopératives d’habitation ou «Genossenschaften». Vivre dans une coopérative est beaucoup moins cher que de posséder sa propre maison ou de louer sur le marché privé. Les loyers sont plus bas en partie grâce à la ville de Zurich qui met une partie de ses terrains à la disposition des coopératives d’habitation par le biais de baux. La ville a ainsi réussi à éliminer la spéculation du marché du logement. Le modèle coopératif y est bien établi et reste populaire. En 2011, les citoyens de la ville ont décidé lors d’un plébiscite que la part des coopératives d’habitation devait être portée à 33% du marché du logement.
Par ailleurs, les «Genossenschaften» existent à Zurich depuis plus de 100 ans. Les premières coopératives d’habitation sont apparues au moment de la première révolution industrielle, au milieu du XIXe siècle.
AirBnB encadré
Avec environ mille appartements en AirBnB, la ville a su ralentir ce mouvement qui sort un lot important d’habitations du marché. En effet, depuis janvier 2024, un maximum de 90 jours de location par an est autorisé dans les zones résidentielles. La ville souhaite ainsi lutter contre le détournement de l’espace habitable. Cette réglementation pourrait être considérée comme un modèle pour Genève dans laquelle 2000 biens sont occupés par des touristes de passage privant les habitants de logements. On estime que 700 de ces logements ne sont pas habités par des citoyens de la ville.
Tourisme d’affaires privilégié
Ce fléau des temps modernes n’a jamais vraiment touché la ville à part les jours de la «Zurich Pride Parade» ou plus d’un million de gens débarquent sur les rives du lac de Zurich pour un ou deux jours. Contenu par une hôtellerie haut de gamme et peu d’avions charters, une sélection naturelle s’opère. La ville échappe à la masse. Le tourisme d’affaires prévaut. Première destination touristique avec plus de 3,62 millions de nuitées, Zurich devance Genève (2,18 millions) et Zermatt (1,51 million). Les chiffres restent toutefois modestes en comparaison européenne; pour ne citer qu’elle, Barcelone comptabilise 21 millions de nuitées annuelles.
Deux autres solutions
D’une part, des lois cantonales comme à Zurich, afin d’encadrer AirBnB via un contrôle régulier, sont nécessaires. D’autre part, des mises à disposition d’espace de construction le sont tout autant. La sévère crise du logement qui sévit en Suisse a montré les limites de la loi de 2014 sur l’aménagement du territoire. Deux actions doivent être menées en parallèle: une plus grande mise à disposition de nouveaux terrains à bâtir et une lutte efficace contre la thésaurisation des sols. Sur ce dernier point, le canton d’Obwald a légalement institué une obligation de construire dans un délai déterminé sous peine de subir sinon des sanctions le cas échéant.
Par Xavier Comtesse et Philippe Labouchère





