[SÉRIE D'ÉTÉ 4/8] À Zurich, la circulation des élites fonctionne de façon exemplaire
- Xavier Comtesse

- 23 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 août
Zurich, une longueur d’avance (4/8). Cet été, Xavier Comtesse et Philippe Labouchère dressent le portrait de la capitale économique du pays et en tirent des enseignements pour la Suisse romande.
Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/a-zurich-la-circulation-des-elites-fonctionne-de-facon-exemplaire
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L’orchestration de la circulation des élites dans l’écosystème économique, scientifique, artistique et sociopolitique zurichois est tout simplement exemplaire. L’idée générale est de faciliter le mouvement et l’interaction des individus les plus entreprenants, compétents et influents pour optimiser la performance globale de cet écosystème.
Au centre, il y a les milieux universitaires avec bien sûr l’école polytechnique (onzième au monde dans le classement du Times Higher Education Ranking), mais aussi l’Université et les hautes écoles, notamment celle d’arts ZHdk (la plus grande de Suisse avec 2600 étudiants). Ces institutions attirent en nombre (plus de 65.000) de jeunes talents de toute la Suisse dans toutes sortes de disciplines, plus créatives les unes que les autres.
Un marketing territorial
Ensuite, la ville a développé un marketing territorial important avec le concept de Greater Zurich Area qui met en avant les atouts de l’écosystème (qualité de vie, opportunités de carrière, réseaux, infrastructures, culture d’innovation) pour attirer aussi bien des talents de l’extérieur que des sociétés étrangères. Le but visé est de créer un environnement propice à la collaboration et au partage. Les événements de réseautage et la mise en contact s’y emploient en organisant des rencontres régulières (conférences, ateliers, pitchs, incubateurs, accélérateurs: F10, Impact Hub, etc.). Les échanges informels et la création de liens entre les différents acteurs (entrepreneurs, chercheurs, investisseurs, décideurs politiques, grands groupes, par exemple Zurich AI Conference, Crypto Valley) sont les clés du succès.
Mais la construction de plateformes collaboratives virtuelles ou d'espaces de coworking (par exemple Kraftwerk) est indispensable car cela favorise la sérendipité (rencontre heureuse et fructueuse). Le plus important reste de favoriser la mobilité et les transitions de jobs. Ainsi, des passerelles professionnelles entre les entreprises et les organisations peuvent faciliter les mouvements de personnel entre les entreprises (start-up, PME, grands groupes), les laboratoires de recherche, les universités et les organismes publics. Cela permet un transfert de connaissances et d’expériences précieux. Des formules de «job rotation» peuvent aussi être mises en place entre universités et entreprises. Le Blockchain Center de l’UZH s’inscrit dans cette logique de mobilité.
Des programmes de mentorat
Après, il y a des programmes de mentorat et de coaching: mettre en relation les élites expérimentées avec les plus jeunes ou les nouveaux arrivants pour accélérer leur intégration et leur développement. Mais aussi l’accompagnement à la reconversion: dans un écosystème dynamique, les carrières ne sont pas linéaires. Il est important d’offrir un soutien (formation, conseils) aux individus qui souhaitent changer de voie ou de secteur. Plus le terreau est vivant, plus les échanges sont nombreux et contribuent à la création de valeur générale qui ne se mesure pas qu’à l’aune de chiffres.
Enfin, une politique de «brain circulation» doit être pensée afin d’encourager les diasporas de talents à revenir ou à maintenir des liens forts avec leur écosystème d’origine, par exemple en contribuant à des projets ou en investissant directement. C’est ce que le réseau swissnex s’évertue à faire à l’international pour maintenir et tisser des liens avec la Suisse.
Pour la Suisse romande
Il s’agit ici de mettre en place de nouvelles initiatives régionales (et non strictement cantonales) qui pourraient renforcer ce qui existe déjà comme le coworking, les conférences, les incubateurs et autres «job portal» 2.0 (à l’image de la Trust Valley). Des élans doivent être insufflés afin de changer les mentalités et replacer la région sur la carte. Au final, créer localement des conditions favorables et attrayantes afin que les élites s’inscrivent dans une politique «endogène» de développement économique.
Par Xavier Comtesse et Philippe Labouchère





