[SÉRIE D'ÉTÉ 2/8] Zurich, cette ville «si intelligente» qui s’est réinventée après une défaite en votation populaire
- Xavier Comtesse
- 14 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 août
Zurich, une longueur d’avance (2/8). Cet été, Xavier Comtesse et Philippe Labouchère dressent le portrait de la capitale économique du pays et en tirent des enseignements pour la Suisse romande.
Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/zurich-cette-ville-si-intelligente-qui-sest-reinventee-apres-une-defaite-en-votation-populaire
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C’est la cinquième année consécutive que Zurich occupe la première place dans le classement mondial «Smart City Index» de l’IMD (Institute for Management Development). Elle a notamment été classée première en 2023 et a maintenu cette position en 2024 ainsi que dans le classement 2025 déjà publié.
Ce classement évalue la manière dont les autorités opèrent pour améliorer la qualité de vie des habitants d’une ville, en tenant compte de ces deux piliers principaux que sont: les infrastructures existantes (transports, santé, logement, gestion des déchets, sécurité, connectivité) et les technologies (adoption des solutions numériques dans les services publics, l’administration, la mobilité et la participation citoyenne).
A la tête d’une délégation romande, le groupe de réflexion Manufacture Thinking a récemment entrepris un voyage « fact finding » particulièrement riche en découverte.
Zurich dispose de l’un des meilleurs systèmes de transport au monde où l’offre publique y est abondante, complémentaire et efficace. Les travailleurs pénètrent en train au cœur de la ville depuis des centaines de kilomètres à la ronde. On vient d’Argovie, bien sûr, mais aussi de Berne, Bâle ou Lugano, sans parler des pays limitrophes. Tout est fluide et rapide. Les quais de la gare centrale s’organisent sur plusieurs niveaux comme à Berlin. Les rames se succèdent rapidement comme dans le métro de Paris. Les trams attendent devant pour prendre le relais. Pas d’anicroche. Tout roule.
Dans les années 1970, la sphère politique zurichoise a voulu doter la ville d’un métro, qui a été refusé en votation populaire en 1973. Les politiques de l’époque se sont donc entêtés. La solution qui a alors émergé a été de tout concevoir à partir de nouvelles lignes CFF dont la vision se résume à ceci: en étoile, les CFF arrosent tous les grands quartiers d’affaires et les trams complètent le maillage serré. Conséquence: la population n’a plus vraiment besoin de voiture. C’est cela la clé du succès: une offre publique dense et savamment orchestrée. Depuis des décennies, les utilisateurs répondent présents et ont organisé leur mode de vie autour de cette offre foisonnante et fiable.
La leçon pour la Suisse romande est triple: avoir un concept global de développement urbain, une mise en œuvre pragmatique et de l’entêtement dans sa réalisation
La leçon pour la Suisse romande est triple. Il faut d’abord avoir un concept global de développement urbain, puis une mise en œuvre pragmatique et enfin de l’entêtement dans sa réalisation.
Notre vision augmentée (IA oblige) s’articule donc autour des axes suivants: l’Arc lémanique forme le cœur de la métropole romande. C’est une ville linéaire de 101 km (de Genève à Villeneuve). Des branches s’échappent en direction de Neuchâtel, Fribourg, Sion. Une large «banlieue» apparaît autour de ce continuum. Les lignes CFF raccordent tout le monde. Il n’y a pas de vision en étoile et les nombreuses ramifications garantissent de la fluidité. Pas de gare centrale, mais des voies multiples, redondantes, afin d’apporter de la résilience au réseau. Tout est fait pour aller partout avec des fréquences soutenues.
La réalisation est confiée au CFF, mais le donneur d’ordre est politique, donc in fine la population. Une sorte de Conseil des cantons romands en matière de développement de la mobilité (notamment ferroviaire) est créé. Le Conseil reçoit sa légitimité du peuple par un vote populaire intercantonal (une première). Dès lors, sa mission consistera à réaliser la volonté populaire, coûte que coûte, afin d’éviter encore un train de retard.
Par Xavier Comtesse et Philippe Labouchère




