Vers une IA de niche : apprendre du "last mile" à Zurich

Zurich, Suisse 2025

Du 14 au 16 avril 2025, Manufacture Thinking a conduit une mission d’exploration à Zurich pour comprendre les dynamiques concrètes d’un écosystème IA en pleine maturité. L’objectif ? Dépasser les effets d’annonce technologiques pour observer comment l’intelligence artificielle devient, ici, un outil de transformation ancré dans la société, l’économie et le territoire.

Zurich n’est pas seulement une vitrine technologique. C’est un lieu où la recherche publique, l’industrie, la société civile et les startups coopèrent avec méthode et pragmatisme pour faire de l’IA un levier de compétitivité, d’utilité et de confiance.

#1 Take Away – Une IA utile et de terrain : le pari du “last mile”

Zurich investit dans une IA sobre, spécialisée et connectée aux réalités du terrain. Plutôt que de viser la course à la taille, l’écosystème privilégie des cas d’usage précis : drones d’assistance pour les secours (Fotokite), IA explicable pour les domaines sensibles (Ethon.ai), ou accompagnement des PME (AI Sandbox).

Clé de succès : une IA pensée pour résoudre des problèmes réels, en proximité directe avec les utilisateurs finaux.

#2 Take Away – Un modèle distribué et apprenant

L’intelligence à Zurich n’est pas centralisée. Elle circule entre les pôles académiques (ETH AI Center, ZHdK), les grands groupes (Google, Microsoft), les institutions publiques (Smart City, DIZH) et les structures citoyennes ou open source (Liip). Cette gouvernance distribuée permet une innovation fluide, coordonnée, mais sans lourdeur.

Clé de succès : des écosystèmes horizontaux, capables de produire des solutions ensemble, en continu.

#3 Take Away – L’IA comme levier de transformation systémique

L’IA zurichoise agit sur plusieurs leviers : la formation (valorisation des parcours atypiques et auto-apprentissage), la propriété intellectuelle (enjeux liés aux contenus générés par l’IA), et l’articulation avec les arts et le design (projets à la ZHdK, ZCCE). L’IA devient une infrastructure culturelle et stratégique à part entière.

Clé de succès : une approche interdisciplinaire, qui relie technologie, culture, droit, formation et société.

Signaux faibles : ce que Zurich murmure à l’oreille des innovateurs

Plusieurs tendances émergent discrètement mais fortement. Une IA “last mile” ciblée, concrète et utile. Une gouvernance distribuée entre acteurs publics et privés. Un apprentissage qui devient continu, hybride et auto-dirigé. Et une place croissante pour le dialogue entre IA, arts, éthique et société. Ces signaux esquissent un futur dans lequel l’IA ne se décrète pas : elle se construit à hauteur d’humain.

Ce que nous avons exploré

• Ethon.ai : transparence et interprétabilité des modèles IA.

• Fotokite : IA embarquée dans un drone au service des secours.

• P&TS : enjeux émergents de propriété intellectuelle en IA.

• ETH AI Center : recherche de pointe et incubation de startups.

• AI Sandbox : soutien à l’adoption de l’IA dans les PME.

• Smart City Zurich : expérimentation urbaine et participation citoyenne.

• Liip : souveraineté numérique, open source et durabilité.

• Google Zurich : IA avancée, ancrage local, partenariats stratégiques.

• ZCCE & ZHdK : créativité, design critique et innovation culturelle.

• Ville & canton de Zurich : politiques publiques proactives et partenariats globaux.

Conclusion

Zurich nous a montré qu’une IA efficace n’est pas forcément spectaculaire. Elle est surtout explicable, pertinente et enracinée dans la réalité. Entre excellence académique, esprit entrepreneurial et intelligence collective, la ville incarne une voie suisse de l’IA : sobre, distribuée, utile.

Quelles leçons pour la Suisse romande ?

Miser sur le local. Soutenir l’expérimentation. Valoriser les passerelles entre secteurs. Et penser l’IA au service du progrès.

par Xavier Comtesse et Giorgio Pauletto pour le groupe de réflexion Manufacture Thinking