Un million de personnes heureuses le long de «Léman 101» !

Analyse d’une ville linéaire de Genève à Villeneuve, un million d’habitants unis par le lac et le mouvement. Par Xavier Comtesse, Jeffrey Huang & Adam Cohen

Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/un-million-de-personnes-heureuses-le-long-de-leman-101

«Léman 101» est une ville linéaire le long du lac éponyme, de Genève à Villeneuve, longue de 101 km. Cela fait un million d’habitants, l’équivalent d’une ville comme Zurich légèrement étendue.

Cette ville n’existe pas, «ni légalement ni administrativement». Et pourtant, elle se construit entièrement sous nos yeux. Nous essayons, dans cette série d’article, de lui donner corps en définissant les métriques nécessaires pour en définir les contours et ses particularités, prolongeant une précédente réflexion qui a eu, tout de même, plus de 112'000 vues sur LinkedIn.

D’abord son contour

Formées des communes adjacentes au lac et de celles directement contiguës. Deux exceptions à cette règle: Genève et Lausanne, pour lesquelles d’autres communes ont été ajoutées tellement leurs liens avec cette ville linéaire sont forts (carte ci-dessous).

En second lieu: le taux de rétention

Dans un contexte urbain, le taux de rétention mesure le pourcentage d’une population qui reste dans la ville au fil du temps, en fonction du travail, des études, de la famille ou de la qualité de vie (on mesure cela par les déménagements intra-muros relatifs à l’ensemble des déménagements). Un taux de rétention élevé, autour de 80%, signifie que les gens sont heureux de rester dans leur ville. Un taux faible, quant à lui, suggère des difficultés à retenir les talents ou les résidents.

Faisons une première remarque: il est frappant de voir la grande différence entre «Léman 101» et toutes les autres villes suisses, y compris Zurich. Cela signifie que l’attractivité est grande pour la ville linéaire comparée aux autres plus compactes. C’est une indication toute nouvelle qui nécessite d’autres mesures bien sûr, mais cela montre déjà l’extrême contemporanéité de cette création: les gens aiment la ville ligne!

Une seconde remarque s’impose: les deux principales villes qui la composent, Genève et Lausanne, ont a contrario des taux de rétention bas, même en bas du classement suisse.

Une contradiction apparente

C’est une contradiction apparente qui demande quelques explications. A priori, cela signifie que les gens déménagent volontiers le long de la ligne du Léman, mais pas vers les centres que sont Genève et Lausanne. Ce qui démontrerait que la ville linéaire, construite par la volonté et le comportement de ses habitants, plaît.

«Léman 101» se forme par le mouvement, non par la fixation. La ligne l’emporte sur le point. Cette urbanisation spontanée, toujours en devenir, échappe aux indicateurs traditionnels. Elle relève d’une logique de flux et de transformation, plutôt que de centralité, fixité et stabilité.

Cependant, comme la ville linéaire n’a pas été planifiée, on manque cruellement d’indicateurs. Nous comptons bien poursuivre cette quête pour mieux conter la dynamique de cette ville ligne. Nous vous tiendrons informé bien sûr dans ces colonnes!

Par Xavier Comtesse, Jeffrey Huang & Adam Cohen