Anton Paar TriTec développe des instruments de caractérisation mécanique des surfaces de très haute précision, qui trouvent principalement leurs applications dans l'étude et le contrôle des matériaux revêtus de films minces.
Une interview de Marina Hofstetter disponible dans le Journal de l'industrie MSM.
Photographie de Dimitri Känel
Pierre Voumard, Directeur général d'ANTON PAAR TRITEC
Quel est le cœur de métier de l'entreprise ?
Anton Paar TriTec développe des instruments de caractérisation mécanique des surfaces de très haute précision, qui trouvent principalement leurs applications dans l'étude et le contrôle des matériaux revêtus de films minces. S'il y a bien sûr un gros savoir-faire au niveau applicatif dans les sciences des matériaux, le noyau technologique sur lequel repose nos produits est l'application et la mesure de très petites forces et très petits déplacements.
Pour illustrer les ordres de grandeur de mesure, considérons le cas d'application suivant : les lunettes que vous et moi portons ont souvent sur leurs verres, aujourd'hui réalisés en plastique pour le confort de la légèreté, un revêtement dit « anti-reflet » qui a aussi pour fonction de protéger la surface des rayures. La dureté d'un tel film, dont l'épaisseur est d'un quart de la longueur de la lumière visible, soit environ 150 nanomètres, est donc essentielle à sa fonction. Pour la mesurer, nos instruments vont y faire pénétrer une pointe en diamant sur un dixième de son épaisseur totale tout en mesurant à la fois la force nécessaire et la profondeur atteinte. Nos échelles de mesure sont donc le nanomètre et le nanoNewton.
La métrologie simultanée de forces et de déplacements de taille atomique n'est possible que par la parfaite intégration mécatronique des têtes de mesures associée à des techniques de pointe du traitement du signal. En d'autres mots, le développement de nos produits repose sur une symbiose entre des microtechniciens, des électroniciens et des informaticiens. La production des instruments exige précision et rigueur au service de processus où la métrologie tient une place déterminante.
Comment est géré le développement de nouveaux produits, en particulier dans le cadre de la digitalisation des entreprises ?
La digitalisation déploie ses effets dans tous les processus de l'entreprise et des groupes de travail s'affairent à identifier le potentiel et les applications de nouvelles technologies associées.
Le développement des nouveaux produits s'appuie massivement sur la digitalisation. Elle révolutionne les concepts des électroniques de contrôle dont les performances excèdent de plusieurs ordres de grandeur celles des générations précédentes. Elle nous amène également à profondément repenser l'interaction entre l'instrument et l'utilisateur, lui facilitant la tâche autant dans la préparation et l'exécution des mesures que dans l'analyse des résultats générés.
La progression rapide de ces technologies nous incite à travailler avec des partenaires externes dans le cadre de collaborations sans lesquelles il ne nous serait pas possible de rester à la pointe. Bien que l'intégration de ces technologies se fasse facilement dans un environnement comme le nôtre, les compétences externes, qui sont riches dans notre région, sont un atout majeur pour accélérer la transition digitale.
À quels défis êtes-vous confrontés ?
Nous connaissons les mêmes défis que beaucoup d'entreprises de haute technologie en Suisse romande. Avec une croissance soutenue ces dernières années, le recrutement des talents dont nous avons besoin est devenu plus problématique. Si une PME comme Anton Paar TriTec offre un environnement de travail attractif et des missions passionnantes, le groupe Anton Paar dont nous faisons partie constitue un employeur encore souvent méconnu dans la région. Gageons que ce prix nous aidera à gagner en visibilité et à attirer les ingénieurs qualifiés dont nous avons besoin.
Interview de Marina Hofstetter pour le MSM, 2023