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Le système de santé sera sauvé par le patient

Étude de cas #Santé avec la méthodologie "Prompt Futur Thinking"




L'IA va « empower» le patient, comme jamais dans l'histoire de la médecine. En lui donnant le savoir préventif just in time, en améliorant les diagnostics in real time, en proposant des protocoles médicaux personnalisés et de précision et en offrant un suivi for ever gratuit et fable, le système de santé tourne la gravitation de l'offre vers la demande.


C'est une révolution copernicienne: le centre n'est plus le médecin mais le patient. La demande supplante l'offre. Le bien-être prend le dessus sur la souffrance. Care plus que cure, diraient les Anglo-Saxons.

Mais il n'y a pas que les technologies de lIA qui vont faire changer la donne. Une palette de dispositifs nouveaux, une sorte d'écosystème, va désormais entourer le patient. En effet, le nombre d'apps santé à disposition est phénoménal (l'Allemagne à travers le programme DIGA les encourage même par la loi). Le nombre de sites santé sur Internet a explosé, la télémédecine avec notamment Zoom a créé un service à distance facile d'accès, les objets connectés pullulent, ils collectent des data personnalisées par milliards, l'Apple Watch en est le marqueur... D'ailleurs Apple se convertit largement en une société du secteur de la santé. Tout cela nous fait dire qu'il ne fait plus aucun doute que le patient jouera à l'avenir. un rôle central dans le système de santé suisse: il en sera le moteur. Car c'est principalement par lui que le système va changer. En s'emparant des capteurs de mesure pour comprendre, du diagnostic pour connaître les causes et enfin des protocoles pour savoir quoi faire. Le patient prend le contrôle de sa vie et en même temps déséquilibre tout le système. Il a raison d'agir ainsi. Car le modèle du free lunch (le droit de se servir autant que souhaité à cause des primes il est trop cher pour tous. L'augmentation lest rop cher pour tous plus continue ainsi, continue des primes a tué le modèle économique actuel. C'est mathématique...


Comment en est-on arrivé là ?

À force d'avoir mis l'accent sur l'offre de presta-tions, on a presque oublié que la demande pourrait jouer un rôle déterminant. Et comme le dit si joliment Jean-Philippe de Toledo, président du groupe Pharmacie principale, il suffirait d'intervenir sur la demande pour voir immédiatement les couts du systeme de santé s'eirondres. Et d'ajouter: «Prenons l'exemple des maladies chroniques, qui rappelons-le représentent plus de 60% des coûts, on pourrait faire de la pré-vention, de l'éducation, de l'accompagnement personnalisé afin que les patients eux-mêmes acquièrent les connaissances nécessaires à la prise en charge d'une large part des actions qui déterminent leur santé comme mieux manger, mieux bouger, mieux dormir et diminuer son stress... en bref être en meilleure forme tout en diminuant les coûts du système et surtout tenter d'inverser le cours des maladies chroniques.» C'est une question urgente de santé publique.

Aujourd'hui, les maladies que l'on développe tuent plus que celles que l'on attrape!


Les signaux de la transformation

Dans la méthodologie du prompt future thinking, les signaux de la transformation, du changement (ou encore parfois appelés les « signaux faibles») font partie d'une étape clé du processus. Élaborer une liste de ceux-ci constitue en effet la base de la méthode. Les participants aux séances de brainstorming sont sollicités pour en énumérer le plus possible sans tenir compte à ce stade de la pertinence de ces derniers. On liste seulement.


Mais on peut faire aussi appel à un générateur automatique de texte comme ChatGPT, qui est considéré à ce stade comme un outil, un moteur de propositions, et on peut, par exemple, lui demander ce qu'il identifierait comme signaux faibles du changement. Voici, pour illustrer ce propos, ce qu'il propose comme réponse dans cette situation :


Il existe plusieurs signaux faibles qui peuvent indiquer un changement à venir dans l'évolution des systèmes de santé. Voici quelques exemples :


1.⁠ ⁠L'émergence de nouvelles technologies:

L'apparition de nouvelles technologies, telles que l'IA, la télémédecine ou la réalité virtuelle, peut indiquer un changement imminent dans la manière dont les soins de santé sont fournis. Par exemple, l'adoption de l'IA pourrait aider les professionnels de santé à diagnostiquer plus rapidement et plus précisément les maladies, tandis que la télémédecine pourrait permettre aux patients de recevoir des soins à distance.


2.⁠ ⁠La demande croissante de soins de santé personnalisés:

De plus en plus de patients cherchent des soins de santé qui sont personnalisés en fonction de leurs besoins individuels. Cela peut se traduire par une plus grande utilisation de la génomique et des tests génétiques pour aider à diagnostiquer les maladies, ainsi que par des traitements plus ciblés et personnalisés.


3.⁠ ⁠L'augmentation des coûts des soins de santé:

L'augmentation des coûts des soins de santé peut indiquer un besoin de changement dans la manière dont les soins de santé sont financés et fournis. Par exemple, cela pourrait conduire à une plus grande utilisation des technologies de suivi à distance pour réduire les coûts de prise en charge des patients atteints de maladies chroniques.


4.⁠ ⁠Les pressions démographiques:

Le vieillissement de la population et l'augmentation de la prévalence des maladies chroniques peuvent mettre à rude épreuve les systèmes de santé existants et nécessiter des changements pour répondre à ces défis.


5.⁠ ⁠Les tendances en matière de réglementation:

Les changements dans la réglementation peuvent avoir un impact sur la manière dont les soins de santé sont fournis et financés. Par exemple, l'adoption de nouvelles réglementations sur la protection des données peut influencer la manière dont les données de santé sont collectées, stockées et partagées entre les professionnels de santé.


Ces signaux faibles peuvent fournir des indices sur les changements à venir dans les systèmes de santé et aider les professionnels de santé à se préparer à l'avenir.


En ce qui concerne les participants de l'atelier santé du 25 avril 2023, voici leurs propositions transformatrices (qui se recoupent en partie avec les propositions de ChatGPT mais pas seulement) :


  • De véritables écosystèmes d'applications mobiles, de dispositifs électroniques ou encore de sites internet offrent une palette de services nouveaux. L'intelligence artificielle (IA), mais aussi les apps ou encore Internet (télémédecine), et enfin des devices comme les bracelets connectés ou autres IoT (Internet of Things) émergent massivement. Souvent proposée par les géants de la « tech», cette « nouvelle médecine» échappe largement au système de santé traditionnel. Avec de nouveaux modèles économiques et de nouvelles pratiques, ils sont encore en marge du système mais pourraient bien être un jour un courant dominant.


  • Nutrition, sport, gestion du stress et autres composantes du lifestyle vont l'aider à prendre le contrôle.

  • Il compte avec des projections concernant son état de santé futur compte tenu de son hygiène de vie passée et actuelle (son dashboard risque-santé), ce qui lui permet de prendre des actions préventives de manière proactive, dont les résultats sont visibles dans ce même dashboard où certains risques auparavant identifiés devraient devenir moins probables.


  • Les données vont être beaucoup plus nombreuses ... une profession de « data docteur» va naître à l'image du data scientist. La mise à disposition des données requises pour que toute cette machinerie ait une chance de fonctionner, avec des normes en termes de protection des données en accord avec l'objectif final - avoir un système de santé performant.

  • Les maladies chroniques représentent plus de 60% des coûts du système de santé!

  • Les algorithmes = les procédures = les protocoles vont compléter le tableau à l'image des bonnes pratiques ou des guide-lines de l'EBM (Evidence Based Medicine), une médecine basée sur des faits probants.


  • Car on meurt à cause des maladies que l'on développe, plutôt que de celles que l'on attrape, alors la clé passe par donner assez d'informations afin de permettre la prise d'actions préventives - changement d'hygiène de vie - plutôt qu'attendre le diagnostic et passer aux soins


  • Accent mis sur la prévention (care) plutôt que dans les soins (cure).


  • ⁠Un objectif se dégage: « Réduire le nombre de malades».


  • De nouveaux modèles économiques devraient se dégager pour accompagner ces différents changements et donc cela fera sens de prévenir et cela deviendra source de revenus, plutôt que de juste gagner de l'argent pour traiter les malades.


  • L'empowerment du patient pourrait aussi passer par sa capacité à noter le système. De nouveaux feedbacks émergent, c'est important car cela a aussi des effets sur les autres acteurs patients, la qualité des soins devient aussi un facteur à tenir en compte pour les prestataires en termes de revenus, et non seulement la quantité: les PROMS (Patient-Reported Outcomes Mesures) évaluent les résultats des soins. Les PROMS génériques sont des questionnaires généraux qui explorent des questions importantes pour l'ensemble des patients, quel que soit leur problème de santé. Les questions portent sur l'impact sur la vie globale (Quality of Life - QoL), sur leur qualité de vie (Health-Related QoL - HRQoL) ou sur des dimensions plus spécifiques comme le fonctionnement physique. Ces PROMS génériques sont forcément moins sensibles à des variations modestes - mais cliniquement pertinentes - des résultats de certaines interventions.


  • Ou encore dans la même approche: la cotation. Les PREMS (Patient-Reported Experience Mesures) s'intéressent à la manière dont le patient vit l'expérience des soins : satisfaction (information reçue), vécu subjectif (attention portée à la douleur) et objectif (délai d'attente), relations avec les prestataires de soins.


Recherche de tendances lourdes

Par exemple les maladies chroniques

Développons un peu en demandant d'abord à ChatGPT de nous fournir un résumé des actions possibles dans le cadre des maladies chroniques. Voilà sa réponse à notre prompt : « Les maladies chroniques sont des affections de longue durée qui nécessitent un suivi médical régulier et une adaptation du mode de vie. Il n'existe pas de traitement définitif pour guérir une maladie chronique, mais il est possible de réduire les symptômes et les complications en adoptant des principes alimentaires clés. Parmi ces principes, on peut citer :


1.⁠ ⁠Privilégier une alimentation variée et équilibrée, riche en fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses, poissons et huiles végétales. Ces aliments apportent des vitamines, des minéraux, des fibres et des antioxydants qui renforcent le système immunitaire et protègent les cellules du stress oxydatif.


2.⁠ ⁠Limiter la consommation de produits industriels, transformés, sucrés ou salés, qui contiennent des additifs, des conservateurs, des colorants ou des

édulcorants artificiels. Ces substances peuvent favoriser l'inflammation chronique et aggraver les maladies chroniques.


3.⁠ ⁠Éviter les aliments allergènes ou into-lérants, tels que le gluten, le lactose, les œufs ou les fruits à coque. Ces aliments peuvent provoquer des réactions immunitaires indésirables et augmenter le risque de maladies auto-immunes.


4.⁠ ⁠Consommer des compléments alimentaires adaptés à la maladie chronique dont on souffre. Par exemple, la mélatonine peut aider à améliorer la qualité du sommeil et à réduire le stress oxydatif chez les personnes atteintes de maladies chroniques.


Poursuivons le dialogue avec ChatGPT en proposant un autre prompt: « En Suisse, quelles difficultés un patient chronique va-t-il rencontrer pour prendre le contrôle de sa maladie ? Que devraient faire les autorités sanitaires suisses pour faciliter la prise de contrôle du patient de sa maladie chronique ?»


« En Suisse, les patients chroniques peuvent rencontrer plusieurs difficultés pour prendre le contrôle de leur maladie. Par exemple, ils peuvent manquer de connaissances, de compétences ou de confiance en soi pour gérer leur état de santé au quotidien. Ils peuvent aussi avoir des difficultés à accéder aux services de santé adaptés à leurs besoins ou à communiquer efficacement avec les professionnels de santé. Les autorités sanitaires suisses devraient faciliter la prise de contrôle du patient de sa maladie chronique en favorisant le développement et la diffusion de programmes d'éducation thérapeutique du patient (ETP), comme le programme Stanford de prise en charge des maladies chroniques (CDSMP), qui a fait ses preuves dans d'autres pays. Ces programmes visent à renforcer les capacités des patients à gérer leur maladie, à améliorer leur qualité de vie et à réduire les coûts de santé.» Il est clair qu'il faut changer quelque chose. Par exemple mettre l'accent sur la prévention (care) plutôt que dans les soins (cure). Un nouveau modèle économique doit se dégager pour accompagner ces changements et donc cela fera sens de prévenir et cela deviendra source de revenus, plutôt que juste gagner de l'argent pour traiter les malades.


«Aujourd'hui il y a plus de maladies que l'on développe que de maladies que l'on attrape.»

Itérations successives

La méthodologie dite du prompt future thinking encourage l'itération du processus de recherche de tendances. En effet, après avoir complété la liste des signaux de transformation, on peut choisir un chemin à suivre, éclairé par un signal du changement, mais on peut tout aussi bien en poursuivre plusieurs qui vont nous conduire vers plusieurs tendances possibles pour le « futur».


Par exemple, dans le cas de ce workshop, on aurait tout aussi bien pu suivre l'émergence des nouveaux écosystèmes proposés par les géants de la « tech». Le cas d'Apple et de son Apple Watch est à cet égard tout à fait représentatif d'un mouvement qui un jour pourrait devenir majoritaire. La montre est achetée par l'usager-patient, les applications aussi et le travail de faire noter ou d'évaluer par les patients eux-mêmes. Le professionnel de santé est consulté bien sûr et les cas graves pris en charge par le système traditionnel mais il est indéniable qu'une grosse partie du travail est confiée aux patients eux-mêmes. C'est en cela qu'il y a empowerment et changement de modèle. Ce point est central. Quelle que soit la tendance observée, on note un nouveau rôle pour les patients.


Propositions transformatrices


1.⁠ ⁠Un (ou plusieurs) écosystème(s) d'empowerment du patient émerge(nt).


2.⁠ ⁠De toute manière sous l'impulsion des grands de la «tech», le système va éclater et une combinaison data/algorithmes personnalisée (ou de précision) va entrer en force.


3.⁠ ⁠La question de la prévention sera désormais plus l'affaire des patients eux-mêmes que des professionnels. Le cas des maladies chroniques servira sans doute d'exemple puisque, dans bien des cas, la maladie peut être l'affaire des malades eux-mêmes.


Extrait du livre collectif Prompt Futur, 2023 - Etude de cas Santé avec la méthodologie "Prompt Future Thinking" pour le Manufacture Thinking

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