Copenhague, Danemark 2023
Sous l’égide du Think Tank « Manufacture Thinking », une douzaine d’entrepreneur·e·s romand·e·s se sont rendu·e·s au Danemark pour comprendre pourquoi ce pays est classé numéro 1 mondial des pays les plus digitalisés ? Quels facteurs ont été déterminants? Quand et comment cela est arrivé? Quels acteurs sont derrière ce succès? Le rôle de l’Etat ? Quelles leçons pour la Suisse ? La question des processus de numérisation est au cœur des entreprises et des Etats depuis plusieurs années. Cependant, peu de gens en connaissent les facteurs de succès. Par exemple, aucun membre de cette délégation « fact finding Danemark » ne savait pourquoi et comment ce pays avait réussi sa digitalisation! Et vous-même, le savez-vous ?
Une identité digitale unique
Quatre étapes ont été clés : 1998, avec l’introduction d’une base de données des résidents ; 2001, avec la légalisation de la signature électronique ; 2007, avec une identité digitale pour tous (MitID) sous forme d’application. Puis, le développement de tous les services étatiques sur le Web s’est fait progressivement pendant les années suivantes, dont le dossier médical. Aujourd’hui, le Danemark dispose d’une administration entièrement on-line. L’adhésion à ce système est totale, car à vrai dire il est quasi impossible de le contourner tant les démarches classiques sont lentes voir kafkaïennes. Comme sa mise en place a été faite sur une base volontaire, il n’y a pas eu d’opposition. Il faut dire que l’administration on-line marche non seulement très bien, mais est aussi répandue dans toutes les prestations de service détaillées qui relient le citoyen aux collectivités publiques, aux trois niveaux de l’État, des régions et des communes, qui plus est sans doublons. Cette diffusion rationnelle à large échelle explique, en partie, la première position du Danemark dans les classements dédiés à la numérisation.
Danemark Innovation Nation ?
Toutefois, avec un niveau élevé de taxation à 65%, le Danemark a des conditions cadres défavorables aux entrepreneurs. Même de très grandes entreprises comme Novo Nordisk sont structurées autour de fondations! Le pays a de la peine à voir ses start-ups s’envoler. Copenhague est situé au-delà de la 30ème place dans le classement mondial des écosystème start-ups. La taxation est dissuasive. Les Universités sont aussi situées moyennement: Université de Copenhague 79ème et Université technique du Danemark 99ème comparé à ETHZ : 11ème mondiale. Le bilan global en innovation est bon mais sans plus.
Soft Power
Un autre facteur explique la perception très positive dont bénéficie le Danemark : le « storytelling ». Le récit que se donne une nation fait partie de son marketing, c’est du pur soft power. A cet exercice, les danois sont excellents. En fait, l’histoire racontée est celle d’un pays qui « stick together » et qui agit donc ensemble. L’exemple de l’adoption unanime de l’identité numérique est un cas d’école. Quel pays verrait sa population adopter volontairement un tel système sans opposition ? Au Danemark, l’esprit égalitaire, solidaire et uni semble être un élément clé de l’esprit national. Un peu comme la neutralité en Suisse…
Take Away
Pour la Suisse et les entrepreneurs il y a plusieurs choses à apprendre du Danemark :
La digitalisation passe par une identité numérique généralisée et unique, ainsi que par une vision nationale de long terme partagée et mise en œuvre avec les parties prenantes.
Des conditions réglementaires simplifiées, allégées et en phase avec les besoins des entrepreneurs, et particulièrement les jeunes entrepreneurs, doivent être la priorité numéro une des politiciens et des administrations suisses.
Le lien entre les Hautes écoles et les entrepreneurs doivent être renforcés sans relâche.
Le soft power est une composante indispensable au monde moderne. La Suisse doit revoir sa « story ».
par Xavier Comtesse pour le groupe de réflexion Manufacture Thinking
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