Et si la cinquième révolution industrielle avait déjà commencé?

Une révolution industrielle se caractérise par une rupture technologique majeure qui engendre des transformations profondes et durables dans l’économie. C’est le cas avec les agents IA. Par Xavier Comtesse

Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/et-si-la-cinquieme-revolution-industrielle-avait-deja-commence

Avec l’imposition unilatérale des «tariffs», Donald Trump a mis la lumière sur l’importance de l’industrie pour une nation. Sans industrie, pas de création de richesse, semble dire le président des Etats-Unis. Ce n’est qu’en partie vrai, comme toujours avec lui. En généralisant tout comme à son habitude, il se trompe vertement, car toutes les industries n’ont pas la même importance stratégique et ne sont pas au même niveau de développement technologique. Il y a une grande différence entre les fours de l’aciérie et les fonderies de microchips. C’est évident.

L’intelligence artificielle (IA) est passée par là. Il faut donc se concentrer sur la prochaine vague d’innovation industrielle. Aujourd’hui, le véritable sujet est l’«agentic», à savoir les agents IA capables de prendre des décisions de manière autonome.

Mais d’où viennent ces agents?

Est-ce du «machine learning» (ML), du «large language model» (LLM) ou autre chose? Pour simplifier, prenons une analogie: pensez à un agent conversationnel moderne comme une voiture. Le LLM est le moteur puissant qui lui permet de comprendre et de générer du langage de manière sophistiquée. Le ML est l’ensemble des principes d’ingénierie et de conception qui ont permis de construire ce moteur, et l’intégrer dans la voiture (c’est l’œuvre d’un agent), de gérer sa conduite (encore un agent de type dialogue) et de l’améliorer au fil du temps.

Ainsi les agents conversationnels sont une application concrète et impressionnante des progrès réalisés dans le domaine du machine learning, en particulier avec le développement des grands modèles de langage. C’est une filiation naturelle des progrès récents de l’IA.

Pourquoi parler de rupture, de nouvelle révolution industrielle?

Ne l’oublions pas, une révolution industrielle se caractérise par une rupture technologique majeure qui engendre des transformations profondes et durables dans l’économie, les modes de production et la société dans son ensemble, conduisant à une augmentation significative de la productivité et à une restructuration structurelle.

C’est exactement ce qui est en train de se produire avec la naissance d’une nouvelle économie basée sur des agents IA (agentic) qui font des tâches précédemment exécutées par des humains (recherche documentaire, traduction, écriture, code informatique, …), mais aussi des gains en productivité notoires par une accélération du temps de production comme jamais, notamment dans le back-office et un changement profond de l’organisation des entreprises avec une mise à plat des compétences. C’est particulièrement vrai dans les départements IT (information technologie), SAV (services après-vente) et marketing.

Au niveau de la société en général, c’est avant tout dans la maîtrise du langage que les premiers changements révolutionnaires sont apparus avec deux phénomènes nouveaux: plus personne ne fait de faute d’orthographe et tout le monde parle toutes les langues! Cela ne s’arrête évidemment pas là, car les prises de notes, les résumés et autres fabrications de texte se font largement par des agents IA. Il en est de même dans le monde formel des langages informatiques.

Dans les entreprises industrielles, la prise de conscience de cette transformation en profondeur est en marche. Le CEO et vice-président de Cla-Val, Hugo van Buel, parle déjà d’entreprise 5.0 pour bien marquer la différence. « Chez nous, dit-il, on a lancé un vaste projet IT de renouvellement des procédures basées notamment sur les agents IA qui vont nous permettre de booster notre productivité comme jamais. Toute l’équipe s’y met. Je leur ai donné six mois! »

Par Xavier Comtesse