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Dans l’horlogerie aussi, l’usine du futur passe par un changement de paradigme

La logique de production de masse touche à sa fin. Par Xavier Comtesse et Nabil Ouerhani



Depuis la première révolution industrielle, l’histoire de la production horlogère peut être interprétée comme une longue quête de l’automatisation. Les machines-outils de plus en plus sophistiquées et plus récemment digitalisées vont permettre d’achever cette quête vers la généralisation des industries qui fonctionnent toutes seules pendant des heures, voire des jours dans le noir, c’est-à-dire sans recours à la lumière artificielle. On les appelle les «dark factories».


L’automatisation de ces chaînes de production a été un long processus étalé sur des dizaines de décennies avec des améliorations continues, plus ou moins marquantes selon les périodes. Le numérique et les données comme les robots et les chaînes automatiques sont en quelque sorte la dernière étape en date.


Cependant, la logique de production de masse touche à sa fin. Les industriels privilégient désormais une production qui s’adapte plus rapidement au goût des clients. La mode vestimentaire a une fois de plus montré le chemin: après les collections hiver/été sont venues celles du printemps/automne avant d’apporter son lot encore plus fréquent de nouveautés, toutes les trois semaines comme chez Zara. La créativité et la production adaptive ont fait le reste, on entre dans l’ère éphémère qui va supplanter largement le vintage.

La nouvelle usine peut inclure des espaces de travail collaboratifs, des programmes de mentorat et d’autres initiatives visant à stimuler la créativité et l’innovation… mais surtout c’est l’arrivée de l’IA dans le domaine de la collaboration qui fera la différence

Pour l’horlogerie ce changement de paradigme va être radical, d’autant plus que dans la plupart des manufactures on est resté sur une stratégie à la Ernst Thomke (le patron de l’aventure de la Swatch dans les années 1980), à savoir qu’une production basée sur le volume est la clé du succès. Tout cela est bel et bien fini: les volumes ont fondu de 47,1 millions de montres en 1980 à environ 16 millions aujourd’hui. Cette stratégie de montée en gamme vers le luxe a permis de garder le leadership mondial sur cette industrie, mais les volumes ne sont plus là et ne reviendront certainement plus jamais.


Le concept d'«adaptive/creative factory» fait référence à un nouvel environnement où les idées sont encouragées et cultivées, souvent dans le but de produire des solutions innovantes. Cela peut inclure des espaces de travail collaboratifs, des programmes de mentorat et d’autres initiatives visant à stimuler la créativité et l’innovation… mais surtout c’est l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la collaboration qui fera la différence.


Cette étape de l’histoire industrielle a déjà commencé. Une étape très différente de toutes celles connues jusqu’alors puisque ce n’est plus seulement l’automatisation des processus qui est en jeu, mais l’autonomie de ceux-ci grâce à l’usage de l’IA. Ce n’est plus la machine qui se «clone» mais plutôt elle qui «donne» naissance à la prochaine. Pour cela, il faut de la collaboration intelligente entre machines, robots et hommes et surtout enclencher l’usage élargi de l’intelligence artificielle en milieu industriel.


La collaboration humaine amène la résolution du compliqué et l’IA celle du complexe. L’adaptive/creative factory ouvrira le chemin vers une nouvelle créativité: humaine et enrichie par le savoir-faire autonome des machines, des robots, de l’IA. Une collaboration qui reste encore largement à être inventée. L’homme n’a jamais partagé ses tâches créatives avec quiconque, c’est ainsi que l’innovation change une fois encore de paradigme.


Cette évolution semble nous amener droit dans le monde de la science-fiction qu’il faudra cependant bien une fois appréhender, car demain l’IA sera une machine collaborative à définir l’après-demain.


Article Xavier Comtesse et Nabil Ouerhani, publié dans l'AGEFI

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