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Xavier Comtesse

Dans l’assurance maladie, la mutualisation du risque est en danger

Le système de couverture ne fonctionne plus. Mais il peut être réparé. Par Xavier Comtesse et Georges Renaudet



Après les dernières hausses des primes d’assurance maladie, tout le monde vient avec sa proposition. Et si le système était bien plus malade que cela avec un vrai défaut de conception ? En effet, la mutualisation des risques a un défaut majeur: il ne fonctionne que si personne ne fait défaut. Actuellement le patient pose problème. En 2022, près d’un quart de la population a bénéficié d’une aide, soit environ 2,3 millions de personnes. Les primes sont donc financées en grande partie par l’impôt. En gros, le système tient le coup car il est adossé à l’Etat. Mais un effondrement est possible !


Prenons deux exemples historiques.


Tout d'abord, souvenez-vous la crise des « subprimes » aux Etats-Unis. Elle a commencé par l’augmentation des taux directeursde la Réserve fédérale qui a coïncidé avec une baisse inattendue des prix de l’immobilier, rendant les biens hypothéqués inférieurs aux crédits qu’ils garantissaient. Ces événements ont conduit à des défauts de paiement dans un système où les risques étaient mutualisés par la titrisation. La titrisation permettait de regrouper ces créances et de les transformer en titres financiers vendus aux investisseurs. Cependant, la mauvaise qualité des créances titrisées a conduit à une perte de confiance lorsque les défauts de paiement ont augmenté. Cela a provoqué une onde de choc dans le système financier mondial.


Un autre exemple fameux et celui rapporté dans Les raisins de la colère, roman de John Steinbeck publié en 1939 dans lequel des paysans de l’Oklahoma sont obligés de quitter leurs terres après des défauts massifs de paiement. Le système de mutualisation des risques a failli après plusieurs mauvaises récoltes et la crise a emporté les plaines agricoles américaines.


Ces deux exemples démontrent que l’émergence d’un mauvais payeur met tout le système en risque! Il ne faut donc pas regarder combien de gens sont aidés mais combien il y a de mauvais payeurs. Et bien aujourd’hui il y a entre 700'000 et 1'000'000 de poursuites aux offices des faillites pour défaut de payement des primes d’assurance. Le système se rapproche dangereusement de ses limites!

Il s’agit de trouver un équilibre entre l’autonomie personnelle et la prise en compte des besoins du groupe

Une étincelle et tout s’enflamme. Alors que faire quand la mutualisation ne fonctionne plus ? Agir vite.


À savoir :


  1. Tirer un trait sur les dettes passées (patients plongés dans de gros défauts de payement);

  2. Les acteurs passent à la caisse: diminuer de manière autoritaire les frais; médicaux, hospitaliers, pharmaceutiques et ceux des assurances;

  3. Les primes futures sont calculées au plus près de leur valeur réelle et le système est simplifié et plus transparent;

  4. Des «malus» très dissuasifs sont introduits pour diminuer le nombre d’actes médicaux inutiles (près de 20% tout de même);

  5. Des «bonus» sont attribués aux assurés qui n’utilisent pas les prestations médicales de manière excessive;

  6. Une clarification de l’autorité, soit des entités décentralisées qui assument leur responsabilité ou au contraire une seule autorité désignée comme responsable de la gestion du système et qui devra rendre des comptes.


Cela implique un changement profond d’état d’esprit. Et cela commence très tôt dès les premières étapes du parcours éducatif, il serait intéressant de promouvoir une approche plus collective et de renforcer la responsabilisation. Ce changement est d’autant plus crucial dans un contexte où les choix et les intérêts individuels sont omniprésents dans notre quotidien. Il s’agit de trouver un équilibre entre l’autonomie personnelle et la prise en compte des besoins du groupe, un défi complexe mais nécessaire pour une meilleure cohésion sociale.


Par Xavier Comtesse et Georges Renaudet

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