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[AI SHAPERS 2025] L’Internet des Agents IA : Une amplification de l’intelligence collective

  • Photo du rédacteur: Manufacture Thinking
    Manufacture Thinking
  • 21 sept.
  • 4 min de lecture

Francesco Carrino & Grégory Mermoud

 

Imaginez un monde où chacun dispose d’un représentant digital capable d’effectuer des transactions, de négocier des accords ou de faire les courses à sa place. Telle est la promesse des agents basés sur des grands modèles de langage (LLM), envisagés comme des « proxys » pour la prise de décision humaine au quotidien. Que vous cherchiez un emploi, participiez à une enchère, pratiquiez le dating en ligne ou commandiez vos courses, ces agents pourraient agir en votre nom, ne vous consultant que pour les décisions financières ou contractuelles les plus critiques.

 

Mais qu’est-ce qui différencie un “simple” LLM d’un agent ? 

 

LLM excellent dans le traitement et la production de texte, ainsi que d’autres médias (audio, image, vidéo) pour les modèles dits « multimodaux ». Bien qu’ils constituent les fondations des agents, ces derniers ont un atout supplémentaire : l’usage d’outils leur permettant d’interagir avec le monde, et ce en temps réel. Face à une requête, l’agent peut choisir de produire une réponse directement ou d’utiliser des outils : effectuer une recherche Web, commander des produits en ligne, générer et exécuter du code, ou requêter une base de données.

 

Ici, le concept-clé est celui d’agentivité (un néologisme dérivé du terme « agency » en anglais), c’est-à-dire la capacité du système à interagir avec le monde de son « propre chef » (ce qui reste bien entendu une métaphore pour décrire un système informatique).

 

Les agents interagissent avec trois entités principales : l’utilisateur (vous), le monde et d’autres agents. Vous leur communiquez vos objectifs et instructions. Ils mobilisent ensuite leurs outils pour accomplir une suite de tâches, possiblement en collaboration avec d’autres agents, spécialisés dans des domaines spécifiques. Aujourd’hui, ces échanges passent par du texte, mais nous anticipons l’émergence de protocoles de communication plus efficaces et radicalement différents de nos interfaces actuelles. C’est le cas du Model Context Protocol (MCP) d’Anthropic (la société derrière Claude), un protocole client-serveur qui fournit aux applications LLM contexte, outils et instructions. D’autres protocoles, comme l’Agent Gateway Protocol (AGP) de Cisco ou le Agent2Agent (A2A) de Google, devraient faciliter la connectivité entre agents, rendant leur collaboration plus rapide et fiable. À terme, on pourrait voir naître d’immenses réseaux interconnectés, parfois baptisés « Internet des agents ».

 

Quand des agents agissent en réseau pour le compte d’humains, ils participent à ce que l’on peut appeler une « intelligence collective ». L’idée est que la somme des connaissances et des actions, déployées par des individus ou leurs représentants, génère des résultats bien supérieurs à ceux obtenus isolément. Imaginez une séance de brainstorming numérique, où idées et décisions émergent de l’interaction riche entre de nombreux agents autonomes.

 

Le potentiel de transformation de ces technologies est considérable.

 

La Suisse, réputée pour son secteur financier solide, ses industries innovantes et son cadre réglementaire rigoureux, pourrait voir des secteurs complets bouleversés par l’intégration d’agents IA. Les secteurs bancaires et assurances, où la précision et la fiabilité sont cruciales, pourraient déléguer les opérations courantes à des agents, tout en réservant les décisions complexes et critiques à l’humain. Le marché du travail pourrait être fortement fluidifié grâce à l’interaction d’agents représentant les candidats et les entreprises.

 

Ces applications restent à bâtir et la technologie doit encore progresser en performance, fiabilité et sécurité. Le défi principal réside dans la construction d’infrastructures ouvertes, sécurisées et évolutives. L’histoire de l’Internet nous montre la voie à suivre. De telles infrastructures permettront aux entreprises la capacité d’optimiser leurs chaînes logistiques, d’améliorer le service client et même de stimuler de nouvelles formes de R&D collaborative. Forte de sa réputation de hub mondial de l’innovation, la Suisse est idéalement placée pour mener cette mutation. Cependant, ces avancées soulèvent de nombreux enjeux sociétaux.

 

À mesure que les communautés croissent, maintenir un équilibre optimal dans la communication devient crucial. Trop d’échanges peut être aussi néfaste que trop peu : surcharge informationnelle, frein à l’innovation, ralentissement de la prise de décision. C’est l’analogue algorithmique de la bulle informationnelle. Dans les systèmes collectifs (réseaux sociaux, fourmilières, ruches), un excès de communication empêche souvent d’explorer de nouvelles pistes, figés dans des « minimums locaux ». Trouver le juste niveau d’échanges est donc fondamental pour tirer parti de l’intelligence collective.

 

Bien sûr, l’essor rapide de l’IA soulève des questions sur le rôle futur de l’humain. Notre vision rejoint ainsi celle de l’industrie 5.0, qui vise le bien-être, la durabilité et la résilience. L’humain doit rester au cœur du système, à la fois en tant que contrôleur (validant leurs choix) et catalyseur (donnant des directions). Ce « human-in-the-loop » n’est pas un vœu pieux : il est le nécessaire moteur de la créativité, de la pensée critique et de la valeur de ces futurs systèmes. Nul doute que le chemin sera sinueux, mais il a le potentiel de redéfinir des industries et d’amplifier le potentiel humain collectif en facilitant la mise en relation et la collaboration entre individus, tirant parti de l’intelligence à la fois de chacun et de tous.

 

Le « toy-agent » associé à cet article explore la connexion entre ses lecteurs via des agents digitaux et un livre physique. En partageant idées et perspectives, auteurs et lecteurs donnent vie à leurs propres agents/avatars. Ces agents peuvent dialoguer, représenter, challenger et connecter personnalités, intérêts et compétences. Cette démo illustre un possible tournant dans nos interactions technologiques et sociales.


Un article signé Francesco Carrino & Grégory Mermoud, extrait du livre collectif "Bots and Robots", dans le cadre de la sélection AI Shapers 2025.

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