top of page

SGS, une spirale d’Archimède

Le leader mondial de l’inspection et de la certification, basé à Genève, s’apprête à connaître une transformation majeure. Par Xavier Comtesse et Philippe Labouchère



Tel un sillon de disques vinyles, une spirale d’Archimède se déploie autour de son centre. Cette métaphore s’applique bien à la Société générale de surveillance (SGS) qui depuis 1878, n’a cessé de tisser un immense réseau de bureaux (plus de 2600) répartis dans le monde entier.


L’entreprise est fondée en France, à Rouen, avant de s’installer à Genève en 1915 alors que le continent européen est en pleine Première Guerre mondiale. Le fondateur commence par inspecter à quai les chargements de céréales provenant de l’Est puis, de fil en aiguille, l’inspection s’étend territorialement et vers de nouvelles marchandises.

Nous sommes donc à la veille d’une révolution dans l’inspectorat.

Avec le temps et l’acquisition d’entreprises, de nouvelles compétences et de nouveaux marchés, la SGS est devenue un leader mondial des services d’inspection, de certification et des services de tests scientifiques avec près de 100'000 employés à travers le monde. Elle partage depuis peu ce leadership avec la société française Bureau Veritas qui est montée en force ces dernières décennies.


Cependant, le marché, évalué à 300 milliards de francs suisses, est très fractionné: près de 7 milliards de francs de chiffres d’affaires pour SGS et 5,8 milliards pour Bureau Veritas. Les autres entreprises mondiales comme l’anglais Intertek, le chinois HQTS, les allemands Dekra et TÜV Rheinland ou encore l’américain UL Solutions Inc. couvrent bien souvent des champs spécifiques de l’inspectorat. Elles sont aussi globales mais légèrement plus petites.


C’est donc un marché extrêmement morcelé, qui a connu et va connaître encore une transformation profonde sous l’impulsion de la digitalisation (Big Data, l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA) et les blockchains notamment). En effet, le métier est centré sur la donnée et c’est justement la matière première du digital: inspecter, c’est noter; tester, c’est évaluer; certifier, c’est valider. Tout cela basé sur la transparence, la traçabilité, la sécurité et l’intégrité des données.


Avec une très grande standardisation des processus, on possède les ingrédients nécessaires et suffisants pour entamer une nouvelle transformation encore plus profonde qui ira du digital vers l’IA et de l’Internet des objets à la blockchain.


Est-ce que les professionnels sauront relever les défis de notre temps?


Un regard en arrière montre que dès les années 1990, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) a profité d’une forte globalisation pour imposer ses normes. Depuis une dizaine d’années, des critères comme la durabilité et la responsabilité environnementale ont pris le relais vers plus de contrôle des flux de marchandises. Cette explosion des normes a fait la part belle aux acteurs du secteur.


Toutefois, seule l’innovation technologique pourra répondre aux besoins futurs du marché. Le temps du déploiement de milliers d’inspecteurs humains sur le terrain (notamment dans les ports et les aéroports) semble bien révolu. L’IoT accompagne désormais les marchandises assurant sécurité et traçabilité. Les contrats peuvent être « blockchainés » et les données digérées par l’IA.


Quand les gens se demandent où l’IA va bien pouvoir se développer, c’est surtout là où la donnée abondante et les procédures de travail sont bien établies. Ce sont exactement les caractéristiques du métier de la SGS. Nous sommes donc à la veille d’une révolution dans l’inspectorat. Bien malin celui qui saura dire comment la spirale d’Archimède va évoluer!


Par Xavier Comtesse et Philippe Labouchère

bottom of page