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Leçons pour la Suisse du projet The Line de l’Arabie saoudite

Le royaume dirigé par Mohammed ben Salmane investit dans l’avenir, ce que peine à faire la Confédération. Par Xavier Comtesse



C’est actuellement le plus gros chantier urbain au monde. Annoncées en 2021 par Mohammed ben Salmane (MBS), les fondations sont maintenant visibles depuis l’espace. A l’image de la muraille de Chine, une construction tout en longueur d’environ 170 km lorsqu’elle sera achevée.


L’Arabie saoudite s’est lancé un défi pour 2030 : doubler son PIB! Afin d’y parvenir, elle bâtit son avenir non plus sur l’exploitation du pétrole mais sur le tourisme. The Line c’est la nouvelle « Costa Brava » à l’espagnole. Le long de la mer Rouge, belle et sauvage, se profilent les plages de demain. Plusieurs avantages: il y fait beau toute l’année, la mer regorge de poissons de toutes les couleurs et le désert offre des escapades aventureuses. Bref, un avenir tout tracé pour lequel MBS est prêt à investir au minimum 300 milliards de dollars (budget initial).


Mais pour quoi faire?

La fin du pétrole annonce des années sombres pour la péninsule arabique. Il faut se préparer à la suite. Cela sera le tourisme de masse! Cela tombe bien, les grandes villes européennes n’en peuvent plus de la déferlante touristique. Il faut impérativement de nouvelles destinations. Ce chantier titanesque qui voit le jour compte sur cette manne touristique.

Investir pour avoir une ligne de conduite semble bien plus attrayant que de couper éternellement dans les dépenses qui finissent par entamer le développement même de notre économie

A propos, où en est-on?

Hugo van Buel, CEO de Cla-Val, une entreprise industrielle située sur les hauts de Lausanne, rentre du Moyen-Orient et raconte: « De tous côtés cela pousse – dans les deux sens du terme –, de nouveaux projets et de belles réalisations sortent de terre. La péninsule représente aujourd’hui 50% de notre activité. C’est là que tout se passe, c’est le nouvel eldorado de la construction. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point tous ces pays bougent et à quelle vitesse ils le font, en total décalage avec la vieille Europe sans parler de la Suisse. Une anecdote: il y a quelques semaines, je rentrais des Emirats arabes unis et à l’aéroport de Genève, j’apprenais en descendant de l’avion que le Conseil fédéral allait couper dans les subventions pour les crèches. Quel contraste incroyable. D’un côté, on fonce vers l’avenir de l’autre on freine de toutes ses forces. Mais soyons clairs. Pour résoudre la plupart de nos problèmes en Suisse, comme le système de santé ou les infrastructures, il suffirait de doubler le PIB et tout trouverait tranquillement sa solution car l’argent viendrait à couler aussi dans les caisses de l’Etat. Ce pays a perdu sa boussole : il ne faut ni augmenter les impôts ni couper les dépenses mais mettre le cap sur la croissance ».


The Line nous donne à réfléchir: investir pour avoir une ligne de conduite semble bien plus attrayant que de couper éternellement dans les dépenses qui finissent par entamer le développement même de notre économie.


Si vous coupez les crèches alors vous priver les femmes et les hommes de travailler en compliquant leur vie et vous finissez par décourager les familles à avoir des enfants. Un désastre! Pas étonnant dans ces conditions d’apprendre dans un sondage que : « hier c’était mieux que demain ». Le moral des jeunes est au plus bas.


Par Xavier Comtesse

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