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L’IA peut-elle faire perdre à la Suisse sa place de championne de l’innovation?

Quatre exemples concrets pour se rendre compte des changements provoqués par l'intelligence artificielle dans les entreprises. Par Maria Sokhn avec Xavier Comtesse



La Suisse, quelles que soient les comparaisons internationales (WEF, IMD, UIT...), se retrouve toujours dans le peloton de tête des nations innovantes. Comment s’y prendra-t-elle face à l’arrivée massive de l’intelligence artificielle (IA) dans son champ de prédilection?

Prenons quatre exemples dans quatre dimensions de l’innovation:


1. La productivité


Il est certain que l’usage de l’IA a changé la manière de travailler, en informatique par exemple. Pierre-André Michel (informaticien passé notamment par les HUG et actuellement à l'institut de bioinformatique SIB) est un codeur hors pair, pourtant il s’est mis lentement à utiliser les agents conversationnels tels que ChatGPT ou Perplexity. Aujourd’hui il ne peut plus s’en passer tellement les gains de productivité sont immenses.


Un travail de codage comme le portage d’un programme d’une plateforme Unix vers un environnement Windows pouvait prendre des semaines… aujourd’hui: c’est réglé en moins d’une journée. La documentation des programmes est instantanée, la recherche de module prêt à l’emploi également, il est devenu un assembleur de code. La bonne nouvelle c’est que le travail routinier a été remplacé par l’IA et la partie noble, c’est-à-dire la conception, est restée la tâche principale de l’humain.


2. L'organisation


Hugo van Buel, CEO de Cla-Val, nous explique comment l’IA a changé la manière même d’innover, alors que son entreprise détient déjà plus de 3000 innovations. C’est simple dit-il, aujourd’hui il organise une sorte de «task force innovation» pour chaque nouveau projet: «J’ai des gens sur le terrain qui connaissent très bien les clients, des informaticiens, des développeurs, des designers, etc. Tout le monde travaille en intelligence collective. L’IA est alors un facilitateur de conversation, un accélérateur de processus, un documentaliste de première et surtout une aide considérable à la programmation.»


3. Les brevets


L’entreprise Iprova de Lausanne propose à l’aide de l’IA le dépôt accéléré de brevets. Vous pouvez par exemple leur demander une centaine de brevets dans le domaine des éoliennes et la machine IA va chercher les opportunités (ou les trous) restant à protéger. En «scannant» les possibilités, la machine invente des solutions non exploitées. Cette question est fascinante, notait récemment dans ces colonnes Christophe Saam, Directeur de P&TS, dans un article sur la baisse tendancielle de la valeur des idées.


4. La créativité


Comme Giorgio Pauletto, directeur stratégie et innovation aux SIG, l'expliquait il y a peu, également dans ces colonnes on comprend bien que de nouveaux paradigmes s’installent. Il décrit en particulier l’impact de l’IA dans deux champs. Premièrement, la science du vivant: AlphaFold de Google est un accélérateur IA pour la recherche biologique notamment dans le champ des protéines. Il aurait permis aux scientifiques du monde entier de décrire 200 millions de nouvelles protéines. A Bâle, les chercheurs de l’Université ont utilisé les capacités de la plateforme IA pour stimuler leurs résultats.


Deuxièmement, les nouveaux matériaux: The A-Lab, un laboratoire virtuel autonome totalement automatisé, combine recherche robotisée et IA. Il est dédié à la découverte de nouveaux matériaux et en a identifié 2 millions!


Conclusion: Il est certain que l’intelligence artificielle commence déjà à toucher le champ de l’innovation. Certaines entreprises suisses réagissent… mais est-ce suffisant? Sont-elles toutes capables de saisir l’importance immense de l’enjeu? Et les pouvoirs publics, vont-ils développer des politiques adaptées à la hauteur de l’enjeu?


Article publié dans l'AGEFI, par Xavier Comtesse & Maria Sokhn

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