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IA: le peuple des codeurs contre les géants de la tech

ChatGPT 4o vient de sortir. Il est en accès libre mais pas en open source, cela fait toute la différence. Par Xavier Comtesse avec Pascal Eichenberger



Le mois dernier, Facebook offrait au peuple des programmeurs son assistant intelligent Llama 3 (une nouvelle version de son agent conversationnel open source). La semaine dernière OpenAI répliquait avec ChatGPT 4o, proposant une interface vocale entre la machine et les humains. Cette nouvelle version est remarquable car elle fonctionne en temps réel. On peut l’interrompre, créant ainsi un dialogue très interactif. ChatGPT 4o sera omniprésent sans frais et à usage libre mais pas en open source. En bref, la guerre entre le peuple des codeurs et les géants de la tech est à un tournant.


Essayons d’y voir un peu plus clair.

Commençons par les actions entreprises par Facebook depuis plus d’un an pour contrer notamment Microsoft (et son allié OpenAI), Google et Apple. Mark Zuckerberg essaie en libérant son code est ses LLMs de fédérer les centaines de milliers de codeurs du monde entier pour amener des versions concurrentes aux géants de la Tech. Ce choix paraît paradoxal puisque son entreprise avait, il y a quelques années, fait le choix du «metaverse» sorte d’univers parallèle et propriétaire qui devait tel un trou noir tout engloutir. Le réveil fut brutal. La guerre entre rivaux californiens avait ouvert un tout autre front: celui de l’Intelligence artificielle.


Facebook a désinvesti le «metaverse» et lancé avec retard ses équipes sur le terrain de l’IA. En jouant la carte de l’open source, grâce à la vision de Yann LeCun, il pensait rattraper son retard. Les sous-produits de Llama tels qu’Alpaca et Vicuna firent sensation en termes de performance. Mais ce qui est arrivé, c’est qu’une fois le code libéré, le peuple des codeurs (étudiants, chercheurs et start-up) s’en est emparé. Ce qui a permis de changer la donne. Tout le monde ou presque était à nouveau dans la course. Plus de barrières, la créativité au pouvoir, le bottom-up plutôt que le top-down regagnait du terrain, on se croyait à nouveau à l’époque des pionniers de l’informatique.


Ni clavier, ni stylo, juste la voix. L’agent vogue entre le texte, l’image et le son. Impressionnant

La semaine dernière, OpenAI a donc fait une annonce majeure: une nouvelle version de ChatGPT 4 appelée 4o, le «o» pour omniprésent. Le nouveau ChatGPT 4o récemment lancé a la capacité de voir, d’entendre et de parler comme une vraie personne. Cette version en accès libre, mais pas en open source, permet donc aux usagers de parler avec l’agent conversationnel en langage naturel. Ni clavier, ni stylo, juste la voix. L’agent vogue entre le texte, l’image et le son.

Impressionnant.


Deux modèles de développement s’affrontent donc: l’un basé sur la concentration de quelques milliers de codeurs de haut vol (en mode propriétaire), l’autre sur la multitude externe et leur créativité débridée (en mode libre: le peuple des codeurs). Qui va gagner? Qui peut gagner?

Il est clair que le nombre fait toujours la différence, mais pas seulement parce qu’ils sont plus nombreux mais surtout par le fait qu’ils sont en réseau et donc en intelligence collective. Internet l’avait déjà montré: le réseau est une force incontournable. Songeons ici à Wikipédia, aux réseaux sociaux, aux blogs, etc.


Ces deux approches, bien différentes: la concentration (centre) versus la décentralisation (subsidiarité), peut nous faire penser à l’histoire de la Suisse qui contre les systèmes centralisés des monarchies européennes à donner raison à la subsidiarité. Question: en sera-t-il de même pour l’IA ?


Article publié dans l'AGEFI, par Xavier Comtesse et Pascal Eichenberger

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