Un nombre record de personnes sur la planète peuvent avoir accès à la créativité sous toutes ses formes, grâce à l’IA. Par Xavier Comtesse
Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/bots-robots-et-la-nouvelle-realite
La convergence IA du monde physique et digital a commencé. Les robots humanoïdes en sont l’expression la plus spectaculaire, mi-physique mi-digital, ils nous imitent maladroitement en marchant mais nous dépassent en roulant. Leur physionomie est changeante. De vrais «transformeurs».
Si avant, on parlait de «bots» pour désigner ces morceaux de codes informatiques capables d’effectuer des tâches de manière plus ou moins autonomes, aujourd’hui le terme consacré en intelligence artificielle (IA) est «agent». C’est presque la même chose mais à la puissance de l’IA. Donc ces fameux «agents IA» sont en train d’envahir tous les domaines.
On les trouve désormais dans la recherche scientifique, avec Google Research, mais aussi dans le raisonnement pour la résolution de problème avec DeepSeek en passant par les plateformes comme GitHub Copilot de Microsoft ou Operator d’OpenAI qui permettent de créer des nouveaux agents, le tout sans avoir de véritables compétences en codage. On parle alors de «no-code». Cela signifie véritablement que des milliards d’humains peuvent coder des programmes informatiques pour le monde réel. Un changement d’échelle vertigineux. Une nouvelle conquête humaine!
Intéressons-nous quelques instants à la signification d’un tel événement.
D’abord, jamais autant de personnes sur la planète ne pourront avoir accès à la créativité sous toutes ses formes, qu’elle soit littéraire, musicale, picturale, visuelle, cinématique ou scientifique grâce à l’IA. On plonge dans un monde de l’abondance, voire du trop-plein au niveau de la production créative. Par exemple, produire un morceau de musique aujourd’hui prend quelques minutes à tout un chacun, plus besoin d’être musicien. Idem, pour un livre, etc. Le prix d’entrée à la créativité vient de tomber à zéro. Une sorte de «commodity» est née. Qu’allons-nous en faire?
Interroger l’IA ne suffit plus, on peut lui demander de résoudre des problèmes, percer des mystères ou halluciner des propositions nouvelles, inventer en quelque sorte
Ensuite, la créativité conduit à l’innovation. Et donc, l’innovation de produits et de services nouveaux va connaître elle aussi une déferlante avec à la clé, la création d’entreprises nouvelles. La start-up en tant que telle va disparaître au profit de structures carrément «pop-up» éphémères et changeantes. La start-up qui était auparavant porteuse justement de cette innovation bottom-up va apparaître trop contraignante, trop lourde et cédera la place à une vague d’activités commerciales fluides, légères et conquérantes.
Enfin et surtout, un nouveau modèle d’innovation émergera. Il s’appuiera sur l’intelligence artificielle pour aller plus vite et plus loin. Interroger l’IA ne suffit plus, on peut lui demander de résoudre des problèmes, percer des mystères ou halluciner des propositions nouvelles, inventer en quelque sorte. De plus, le processus même d’innovation va échapper à l’homme car il sera entièrement virtuel avant de trouver sa forme dans le monde physique. En quelque sorte, on pourra inventer et tester à partir d’une réalité virtuelle avant d’atterrir dans un monde plus réel.
Ceci dit, on comprend mieux les propos tenus à maintes reprises par Jensen Huang, le CEO de Nvidia, lorsqu’il évoque le futur des robots en «humanoïde», bourrés d’IA et qui partiraient, en grand nombre, à la conquête de la planète trouvant en chemin sa véritable place. Un peu comme l’homme l’a fait, il y a plusieurs millions d’années.
Par Xavier Comtesse