L’intelligence artificielle transforme les méthodes qui permettent d’innover. Par Xavier Comtesse
Un article disponible dans l'AGEFI : https://agefi.com/actualites/opinions/accelerer-linnovation
De tout temps on a essayé de perfectionner nos capacités d’inventions. D’abord, on a beaucoup compté sur des génies comme Léonard de Vinci, Graham Bell et tant d’autres. Puis on a misé sur des techniques et des méthodes plus collectives (projet Manhattan) et demain l’IA va encore tout accélérer.
Petit tour d’horizon
Savoir innover nécessite des stratégies bien établies. En voici quatre parmi les plus connues:
1. Méthodes d’innovation basées sur la résolution de problèmes
Ces méthodes se concentrent sur la résolution de problèmes complexes, souvent dans des contextes techniques ou industriels, et sont enseignées dans les écoles d’ingénieurs et de sciences appliquées. Citons Triz (Théorie de résolution des problèmes inventifs, Genrich Altshuller, 1946), développée dans les années 1940. Triz est une méthode systématique pour résoudre des problèmes techniques en s’appuyant sur l’analyse de millions de brevets afin d’identifier des principes d’innovation récurrents. Elle est utilisée dans l’ingénierie et la gestion de l’innovation.
2. Méthodes d’innovation centrées sur le processus créatif et l’utilisateur
Ces méthodes sont enseignées dans les hautes écoles, en particulier dans les écoles de design, d’ingénierie ou de commerce. Elles sont souvent utilisées pour développer des solutions innovantes à partir de la compréhension des besoins des utilisateurs. Citons le Design Thinking. Développée à l’Université de Stanford par Rolf Faste dans les années 1980, cette méthode suit un processus en cinq étapes: empathie, définition, idéation, prototypage, et test. Elle est conçue pour générer des idées innovantes en résolvant les problèmes en collaboration avec les utilisateurs finaux.
3. Méthodes basées sur la prospective et l’anticipation
Ces méthodes visent à anticiper les futurs possibles et à préparer l’innovation en fonction des tendances émergentes. Elles sont enseignées dans des cursus orientés sur la stratégie, l’innovation ou la prospective. Citons le Futur Thinking. Popularisé par l’Institute for the Future en Californie, fondé en 1968 par Paul Baran, Olaf Helmer et Ted Gordon, il aide les organisations à anticiper et à se préparer aux changements futurs en détectant les signaux faibles et en analysant les tendances émergentes. Utilisé en gestion stratégique et dans les sciences politiques.
4. Stratégies d’innovation basées sur le marché et les modèles économiques
Ces stratégies sont enseignées dans les écoles de commerce, d’économie et de gestion. Elles se concentrent sur la création de nouveaux marchés, la réduction des risques ou la réinvention de modèles économiques existants. Citons le Lean start-up. Développée par Eric Ries en 2011, cette méthode met l’accent sur le développement de start-up à travers l’expérimentation rapide, en lançant des versions minimales viables et en itérant rapidement selon les retours des clients. Elle est particulièrement utile dans les environnements incertains et dynamiques.
L’entrée en scène de l’IA
Désormais l’IA prend un rôle significatif dans certaines phases du processus d’innovation. En analysant des données à grande échelle, elle peut identifier des «clusters» d’idées nouvelles. Elle peut également automatiser des étapes d’empathies et de définition dans le Design Thinking ou la recherche de signaux faibles dans le Futur Thinking.
Les algorithmes prédictifs permettent surtout de simuler des découvertes comme le montre l’exemple d’AlphaFold de DeepMind qui a mis en évidence des millions de nouvelles structures de protéines. Une nouvelle ère s’offre à nous, celle de l’abondance d’innovations. Vertigineux.
Par Xavier Comtesse